Notre Dame des Landes, quand le gouvernement nous ment.

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La ZAD de Notre-Dame-des-Landes en novembre 2014. JEAN-SEBASTIEN EVRARD/AFP

Projet lancé en 1963 à l’initiative de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale), dans la cadre des métropoles d’équilibre, ici Nantes – St-Nazaire, l’aéroport avait pour objectif affiché de satisfaire en temps voulu les besoins de la clientèle des avions long-courriers. Notre Dame des Landes avait été choisi notamment grâce à sa situation au nord de Nantes et aux possibilités de desserte routière. Suite aux crises pétrolières de la décennie 70, ainsi qu’à la création de l’ADECA (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport), le projet est mis en standby.

Ressorti des placards en 2000 sous le gouvernement Jospin, faisant l’objet d’un appel d’offres en 2008 et d’une enquête publique en 2010, le projet est relancé. Alors que Nantes-Atlantique, l’actuel aéroport de Nantes, a reçu en septembre 2011 le trophée ERA Award de meilleur aéroport européen » pour sa politique de prix attractifs, pourquoi relancer le projet Notre Dame des Landes ?

Ce projet considéré comme inutile et cristallise aujourd’hui de nombreux mécontentements. EELV estime que le projet est contraire aux objectifs du Grenelle de l’environnement, évoquant notamment la destruction de terres agricoles, l’augmentation des impôts locaux, l’impact du transport aérien sur l’effet de serre, la sous-utilisation des autres aéroports de la région et la destruction de 2 000 hectares d’une « zone de bocage très préservée ; l’une des dernières du département.

Pourtant, cela n’a pas empêché Manuel Valls, le 15 octobre 2015, de pointer les soucis écologiques de l’actuel aéroport de Nantes, se servant de cet argument pour favoriser la réalisation du nouvel aéroport : « Il est bon pour l’environnement, parce que l’actuel aéroport de Nantes est au contact de trois réserves Natura 2000, dont le réservoir à oiseaux du lac de Grand Lieu ». Foutaises… Notre premier ministre actuel s’est bien gardé de communiquer  les conclusions d’une note émise par Xavier HINDERMEYER, directeur régional de l’environnement de pays de la Loire, datant du 9 septembre 2014. C’est le Canard enchaîné qui a mis la main sur ce document, prouvant les mensonges de notre Premier Ministre. Voici les conclusions du document concernant l’impact de l’extension de l’actuel aéroport de Nantes, se trouvant au Nord-Est de la Réserve Naturelle Nationale de Grand Lieu :

  • « Le trafic aérien actuel n’a pas d’impact négatif sur les oiseaux du lac », écrit-il. « La faune de la réserve a intégré cette activité continue et routinière comme un élément à part entière de l’environnement du lac. » Et d’expliquer : « La variété de cette activité [aérienne] engendrée par l’aménagement de Nantes-Atlantique ne sera pas perceptible par la faune du lac et ne générera pas de perturbation. »
  • À propos de l’allongement des pistes, le directeur observe : « L’allongement de la piste impactera les zones humides situées au bout de la piste actuelle (prairies, ruisseau). Cet impact sera cependant très minime en comparaison de ceux issus de l’urbanisation prévisible des zones humides aujourd’hui préservées. » En cas de création de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il y aurait en effet urbanisation aux abords de la réserve naturelle de Grand Lieu.
  • Le directeur conclut : l’aménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique, par l’allongement de sa piste « garantit la préservation des zones humides de la ceinture verte générée par l’aéroport, qui participent à l’équilibre écologique de la réserve face à l’urbanisation de l’agglomération nantaise ».

A vue de la qualité de l’actuel Aéroport de Nantes, de la faible pertinence économique du nouveau projet, de son impact écologique désastreux et de la forte mobilisation citoyenne pourquoi ce projet est encore d’actualité ?  Nous nous le demandons bien Monsieur le Premier Ministre.

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