Intervention sur la décision 13-12 : approbation de la modification n°1 du PLU – Philippe Gauthier
Comme nous en avions fait part dans notre contribution lors de l’enquête publique sur le projet de modification, nous sommes tous conscients que notre ville est très dense, mais nous regrettons que le PLU ne prévoit rien pour empêcher l’émergence d’immeubles et la densification massive à l’encontre des pavillons, notamment des pavillons de caractère. Une distinction entre zones pavillonnaires à préserver et zones constructibles comme la ZAC du canal, où il est compréhensible de construire des immeubles, nous aurait semblé importante.
Nous aurions souhaité que la zone comprise entre la gare et l’hôtel de ville (en particulier rue Carnot, rue de la République ou rue Roger Salengro) soit retravaillée. Nous comprenons que cette zone soit une zone « dense » car c’est une zone proche des moyens de transport, mais il nous semble nécessaire de préserver les pavillons remarquables qui existent dans cette zone. Le règlement actuel ouvre la porte à de multiples constructions de petits immeubles. Est-ce souhaitable pour notre ville? Nous ne le pensons pas.
Nous avions également demandé à ce que le bonus pour construire plus haut ne soit accordé que lors de constructions à énergie passive. Nous aurions alors été réellement en avance sur la loi.
Nous comprenons la nécessité de modifier notre PLU pour permettre la réalisation d’un projet spécifique qu’est la reconstruction du foyer de jeunes travailleurs. En dehors de l’intérêt de ce projet, cette modification ne nous choque pas car le bout de la zone concernée touche directement l’avenue Gallieni, et s’inscrit donc dans une cohérence avec celle-ci.
Cependant, nous ne comprenons toujours pas pourquoi un certain nombre d’autres modifications sont proposées et donc imposées aux habitants. Il serait logique à notre sens que ce soit aux promoteurs de s’adapter au PLU et pas au PLU de s’adapter aux promoteurs, notamment pour la zone de la ZAC et le quartier De Lattre.
Nous nous étions abstenus lors du vote de ce PLU en 2011, nous voterons contre cette délibération aujourd’hui. Nos remarques n’ont pas été prises en compte et nous considérons, et ce depuis 2011, que ce PLU ne va pas dans le sens d’un mieux vivre dans notre ville.
Philippe Gauthier, maire adjoint en charge des politiques sportives
Intervention sur la décision 13-12 : approbation de la modification n°1 du PLU – Précisions de Maribé Durgeat
Le groupe EELV n’a pas voté pour le PLU en 2011 et ne le regrette pas. En effet, depuis que ce PLU est entré en vigueur, on ne peut que noter la subite transformation du centre ville. Les bétonneurs n’attendaient que ça pour se précipiter à l’assaut des pavillons, qu’ils soient remarquables ou pas ! Et quand on abat les pavillons, on détruit inexorablement les jardins avec tous leurs arbres et leurs espaces cultivables.
Nous n’allons pas revenir sur les notions de densification, maintes fois évoquées dans ce Conseil. Si on écoute les bonnes raisons de la densification, c’est essentiellement pour conserver les terres arables aux alentours des grandes villes, c’est aussi bien sûr, pour réduire les charges et la pollution induites par les transports mais on en parle moins. On agit donc d’un côté pour conserver les terres et de l’autre, on les bétonne, c’est un peu incompréhensible, non ?
Avec ce projet de densification des villes, combien d’arbres fruitiers et de terrains de terre riche pour d’éventuels potagers disparaissent ? La culture de légumes et de fruits au sein des villes, quoi de plus proche ? Avec la crise à tous les niveaux, il faudra peut-être un jour pas si lointain que ça, que chacun se remette à cultiver son jardin. Il ne faut pas oublier non plus que les grands arbres aident à lutter contre la pollution et sont nécessaires pour la biodiversité, ou encore pour rafraîchir les villes en cas de fortes chaleurs. Ils apportent aussi une sensation de bien être, de paix dont on a tant besoin dans nos villes.
A quand une vraie décentralisation ? Est-ce raisonnable d’entasser ainsi les habitants, de voir tous les espaces publics envahis de véhicules encore bien présents même s’il faudrait qu’il y en ait moins ?
Aujourd’hui, on essaie de nous faire valoir qu’avec ce PLU, les aménageurs ne peuvent toujours pas arriver à leurs fins : pouvoir construire plus (et même plus haut pour un secteur), et qu’il faut donc envisager plusieurs modifications pour faciliter leurs projets.
D’un côté, il y a des raisons pratiques pour la construction, si on ne modifie pas, on ne pourra pas faire le nombre d’appartements prévus ; des rez-de-chaussée à moins de 5m, ce n’est pas viable pour les architectes ; si on ne relève pas la hauteur d’un secteur, on ne pourra pas construire assez de logements pour le foyer de jeunes travailleurs (cela serait, à la limite, le seul point acceptable mais il doit bien y avoir d’autres solutions) ; il faut changer aussi la formule H=L en H=L+5 à un endroit pour pouvoir construire sans être gêné par les différences de niveau du sol ; pour le quartier du centre, pareil, on veut nous faire voter qu’une terrasse plantée sans accès pour la population équivaut à un espace vert, de qui se moque-t-on ? Nous n’allons pas énumérer toutes les modifications du PLU mais cela montre que voter ces modifications renforcera encore un peu plus cette volonté de construire toujours plus et partout.
D’un autre côté, on s’aperçoit quand même qu’il se passe de drôles de choses dans les quartiers pavillonnaires depuis que le PLU de 2011 a été voté. Les entrepreneurs se croient tout permis surtout que dans certaines zones, les exigences sont moins contraignantes, les propriétaires sont encouragés à augmenter la hauteur de leur pavillon, du coup, un pavillon peu vaste peut se transformer en multiples appartements sans problèmes, les marchands de sommeil n’attendaient que l’excuse de la densification à outrance. Il n’y a plus beaucoup de solutions pour empêcher ça sauf d’exiger sans aucune garantie sur le long terme, que les promoteurs trouvent des parkings à proximité de la construction, les contrôles ne seront pas vraiment possibles.
Les futurs immeubles vont bientôt sortir de terre, essentiellement concentrés, pour le moment, sur la rue Carnot. Très peu de places de stationnement prévues comparativement au nombre de logements construits ! Il y a déjà des problèmes de stationnement sur de nombreux trottoirs du quartier alors qu’il n’y a pas encore les nouveaux immeubles ? Il faudra, bien sûr, s’orienter vers un monde avec moins de voitures mais ce n’est peut-être pas en mettant la charrue avant les bœufs qu’on va pouvoir être efficaces. Comment va-t-on redonner un caractère de vie à toutes ces villes défigurées, éventrées et finalement toutes uniformes car malheureusement, ce phénomène n’a pas lieu qu’à Bondy.
La spéculation est aussi au rendez-vous, les gens, attirés par les propositions avantageuses des promoteurs, n’hésitent pas à vendre leur bien pour la démolition, maisons très récentes et même neuves parfois. Quel gâchis de matières premières !
Nous avons eu, au sein de la majorité, quelques discussions sur ces modifications et on ne peut que constater, en lisant les résultats de l’enquête publique, qu’aucune de nos propositions n’a été retenue. On a l’impression que les concessions se font un peu toujours dans le même sens. La majorité plurielle comme ici à Bondy, pourrait laisser croire que les spécificités de chacun peuvent avoir un écho, c’est d’ailleurs tout à fait possible sur certains sujets, mais sur le PLU, on voit que c’est vraiment impossible. Pourtant sur plusieurs points, il n’aurait pas été très difficile de trouver un consensus ! Le bonus écologique, par exemple, aurait dû être réactualisé pour exiger des constructions à énergie positive, on aurait pu revoir aussi le périmètre des zones à « densifier »… Mais non, pas question de remettre en cause quoi que ce soit et c’est pour toutes ces raisons que, lors du vote du nouveau PLU, nous nous étions abstenus et qu’aujourd’hui nous voterons contre les modifications.
Maribé Durgeat, adjointe en charge du conseil de quartier du Mainguy.