Des avancées en matière de protection des personnes sensibles contre les pesticides

pesticides

Une avancée importante fruit de compromis

Rappelez-vous, l’épandage mi-mai d’un fongicide sur des vignes à proximité d’une école en Gironde qui a provoqué des malaises parmi des élèves et une enseignante, avait suscité une vive émotion.

Bonne nouvelle en ce début de mois de juillet : l’Assemblée nationale a voté, dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 juillet, les mesures restreignant l’usage de pesticides près des lieux sensibles.

A la suite d’un amendement gouvernemental voté en commission et débattu dans l’hémicycle, le projet de loi sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAAF) subordonne l’épandage des pesticides (excepté les produits à faible risque) près de lieux sensibles (écoles, centres hospitaliers, maisons de retraite, etc.) à la mise en place de mesures de protection « telles que des haies ou des horaires adaptés ».

Lorsque de telles mesures ne peuvent pas être mises en place, « l’autorité administrative détermine une distance minimale adaptée en deçà de laquelle il est interdit d’utiliser ces produits à proximité de ces lieux ».

Le gouvernement a aussi fait voter le principe d’une sanction en cas de méconnaissance de ces mesures. Le rapporteur socialiste du projet de loi a souligné que « nous avons tous évolué sur cette question des produits phytosanitaires » au fil de connaissances prouvant« un lien direct entre l’utilisation de produits phytosanitaires et la santé humaine ».Il a évoqué de récents rapports du Sénat et de l’Inserm ainsi qu’un appel de 1 200 médecins.

Des mesures insuffisantes pour les associations

Si ces mesures sont une première avancée et le fruit d’un compromis important, puisque pour la première fois un texte prévoit qu’une distance sans pulvérisation terrestre pourrait être mise en place près des lieux sensibles, elles restent en deçà des revendications de l’association Générations futures, qui, pétition de 120 000 signataires à l’appui, réclame l’interdiction de l’épandage à proximité de toute habitation.

L’association regrette en effet que la proposition de Ségolène Royal demandant une zone sans pesticides de 200m près des écoles n’ait pas été retenue dans son intégralité. En effet, selon le texte adopté les pulvérisations de pesticides pourront continuer sous réserve de mesures supposées adaptées  et dont l’efficacité reste à démontrer. Dans les faits cela permettra dans la plupart des cas l’utilisation des pesticides dangereux près des lieux sensibles comme les écoles. De plus, ce texte ne répond absolument pas à la problématique de l’exposition des enfants et femmes enceintes à domicile, de nombreuses maisons particulières jouxtant les zones de cultures.

« Alors que le Sénat avait clairement ouvert la possibilité d’interdire l’usage des pesticides près des zones habitées et que Mme Royal demandait les mêmes interdictions des pesticides à moins de 200m des écoles, l’amendement du texte en commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale conduit à une situation qui dans les faits autorisera l’usage des pesticides à proximité des écoles et lieux sensibles dans la plupart des cas. » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Les citoyens doivent continuer à se mobiliser dans les prochains jours pour obtenir une réelle protection des enfants et des femmes enceintes par rapport aux pesticides dans le texte qui sera voté en plénière à l’Assemblée les 7 et 8 juillet prochains. Cette protection passe, dans les faits, par l’interdiction des pulvérisations de pesticides près de tous les lieux de vie. » conclut-il.

Plus de détail sur le sujet en lisant la tribune pour en finir avec l’exposition des populations aux pesticides, publiée par Générations Futures le 25 juin dernier, en cliquant ici.

Pesticides et santé humaine : quel est le problème ? 

Pour mieux comprendre les enjeux autour de ce sujet, qui nous concerne toutes et tous, voici un petit rappel :

Les pesticides sont des substances dont la terminaison en « cide » indique qu’ils ont pour fonction de tuer des êtres vivants.

Les pesticides, parfois appelés produits phytosanitaires ou produits de protection des plantes ou phytopharmaceutiques, (selon l’UIPP – Union des Industries de la Protection des Plantes), sont utilisés en agriculture, au jardin ou encore dans les collectivités territoriales pour se débarrasser d’insectes « ravageurs » (insecticides), de maladies causées par des champignons (fongicides) et/ou d’herbes concurrentes (ce sont les herbicides) etc.

Les pesticides sont utilisés en grandes quantités depuis les années 50 par l’agriculture intensive. Cette forte utilisation entraîne une présence de résidus de pesticides partout: dans l’eau bien sûr, mais aussi dans l’air, les brouillards et l’eau de pluie !

Les pesticides sont également présents dans nos aliments: près de 50% des fruits et des légumes produits par l’agriculture intensive en contiennent. Ils finissent dans nos organismes, apportés là par l’eau, l’air et les aliments consommés. Nos organismes hébergent ainsi des centaines de molécules toxiques dont de très nombreux pesticides.

Ces pesticides posent un véritable problème de santé publique, et pas seulement pour les utilisateurs qui sont les plus exposés, mais aussi pour la population générale. En effet, les effets de faibles quantités de pesticides, en mélange, pendant des périodes longues posent de nombreux problèmes de santé. Les personnes exposées aux pesticides ont plus de risque de développer de nombreuses maladies que les autres : cancer, malformations congénitales, problèmes d’infertilité, problèmes neurologiques ou encore système immunitaire affaibli …

C’est pour toutes ces raisons que l’association Générations Futures continue son combat pour demander une protection supplémentaire lors du passage de la loi devant le Sénat les 17 et 18 juillet prochains.

Vous pouvez soutenir leur action en signant la pétition ici.

 

Bondy ne peut que se féliciter d’avoir abandonné, depuis deux ans maintenant, l’utilisation de pesticides et autres produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts de notre collectivité. Au-delà d’une mesure favorable au respect de la biodiversité, il en allait de la santé de nos jardiniers, de nos enfants, et des bondynois dans leur ensemble !

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massifs de fleurs, esplanade Claude Fuzier, juillet 2013

 

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